La sobriété numérique est un axe de ce que l’on appelle le numérique responsable. Conscients des enjeux majeurs pour les années à venir, les entreprises, les collectivités, l’Etat commencent à s’emparer du sujet. Au sein du SPN, des réflexions ont été entamées depuis plus d’un an. L’heure est désormais à l’action. Petit tour d’horizon des projets en cours avec Lisa Harel, directrice du SPN.
Lisa Harel : « Depuis 30 ans le numérique impacte les usages : dans l’économie, l’accès aux savoirs, la santé, les loisirs, la vie quotidienne personnelle et professionnelle. Côté entreprise, nous en sommes arrivés à intégrer le terme de transformation numérique dans notre vocabulaire courant.
Au delà de ce terme, résident de véritables enjeux de mutation des organisations publiques et privées, de leurs salariés et également des usages de leurs produits ou services.
Le numérique impacte notre façon de nous déplacer, de consommer, de produire, d’apprendre ou de communiquer…. alors quand on connaît l’urgence écologique mondiale, il est normal de se poser la question de l’empreinte écologique de ce secteur.
De plus en plus de voix s’élèvent pour alerter sur le fait que les réseaux, les datas centers, les terminaux ou autres appareils mobiles sont voraces en énergie et ressources fossiles. Vous avez surement entendu dire que “Si internet était un pays, il serait le 5ème consommateur mondial d’électricité !”
En 2017, selon The Shift Project, le numérique émettait plus de GES que l’ensemble des transports aériens. Toujours selon le Think Tank, la consommation énergétique du numérique et par conséquent, l’émission de GES du numérique croissent de 9% par an.
Pourtant, le numérique peut jouer positivement pour accompagner la transition écologique et sociale de notre société. Les différents experts s’accordent à dire que le numérique peut passer du problème à la solution. Encore faut-il être dans une démarche d’adoption d’un numérique propre et plus sobre : dans sa conception, dans son déploiement, dans son utilisation mais aussi dans la gestion de fin de vie des équipements… »
L.H. : « En tant que Clusters d’entreprises du numérique, notre rôle est d’accompagner les entreprises productrices dans des démarches vertueuses, les aider à prévenir et à réduire l’impact écologique.
En mars 2018, L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing), le WWF France et GreenIT.fr, avec le concours du Conseil national du numérique (CNNum), publiaient leur Livre Blanc Numérique et Environnement. Ce Livre Blanc présente 26 propositions d’actions aux acteurs publics pour mettre le potentiel de transformation du numérique au service de la transition écologique.
Après des crises, comme celle que nous sommes en train de vivre, les consciences s’éveillent de plus en plus. Les entreprises ont un rôle à jouer pour répondre aux préoccupations de leurs utilisateurs mais aussi être alignées avec leurs valeurs et celles de leurs collaborateurs actuels et à venir. Cette fameuse génération Z à qui l’on donne la responsabilité de changer le monde.
Les grands groupes ont initié des changements, cette responsabilité est celle de toutes les organisations publiques ou privées. Les TPE et PME de nos territoires doivent savoir satisfaire ces attentes et être en capacité de mesurer leur impact. La relation avec les entreprises doit pouvoir s’inscrire dans une dynamique locale, de circuit-court, sans avoir à renoncer à une offre de services de qualité.
Ces petites entreprises, agiles, ont une réelle capacité d’agir, peut être plus que les grosses organisations ancrées dans des modèles d’organisation moins réactifs. »
L.H. : « Se présentant comme leur coeur de métier, il va de soit que chacun est conscient qu’un changement est nécessaire. Plusieurs entreprises du numérique montrent la voie : en pratiquant l’éco-conception web, en réduisant l’impact de leur développement informatique, en organisant le travail, en veillant à réduire l’impact écologique de leurs productions et de leurs mobilités…. Plusieurs entreprises membres sont impliquées dans cette démarche : Graciet & Co, Serli, Green iT Solutions, Seven Shapes… Par exemple, cette dernière applique les principes du Green IT tout en développant des solutions numériques pour accompagner la transition Green ! »
L.H. : « Conscient des enjeux, les clusters de France IT ont créé le 1er Label Entreprise Numérique Responsable. Ce Label qui repose sur les 4 piliers du développement durable traduit l’engagement des entreprises du secteur à observer leurs pratiques et à s’inscrire dans une démarche de progression. C’est pour les aider à progresser que nous sommes, à l’échelle de la Région Nouvelle-Aquitaine et avec le soutien de l’institution, en train de travailler à la mise en place d’un programme d’actions Sobriété et Responsabilité Numérique.
Nous souhaitons travailler avec différents experts tels que l’Institut Numérique Responsable ou encore l’Université de La Rochelle. Nous espérons proposer très prochainement aux entreprises du secteur d’échanger avec Vincent COURBOULAY, directeur de recherche de l’INR et enseignant chercheur au sein de l’Université de La Rochelle (voir son portrait en video).
Un parcours d’accompagnement global pour les entreprises est en train d’être finalisé, je n’en dis pas plus pour l’instant mais nous souhaitons le mettre en place dès septembre 2020. »
L.H. : « Les objectifs… il ne doit y en avoir qu’un seul : rester en dessous des +2° d’ici 2100.
L’action individuelle compte, mais nous avons la chance d’avoir une force d’action encore plus large avec les clusters et les différents réseaux d’entreprises ( 👊🏻 Poke CJD)
A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, ou au sein de France IT, les différents acteurs se mettent en ordre de marche, se coordonnent, pour aller ensemble dans la même direction pour avoir un impact significatif en région et en France.
Je finirai avec une histoire chère à notre co-président, Jean-Christophe Gilbert :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! «
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
🎬 Les vidéos de l’Ademe Qu’est ce que la pollution numérique ? #streamingvideo #objetsconnectés #smartphone …
[Source illustration : https://www.afc-france.org/consommation/vie-quotidienne/developpement-durable/3098-la-pollution-numerique-qu-est-ce-que-c-est]
Vous souhaitez partager votre expertise ?
Envoyez-nous
votre publication !
Vous souhaitez nous soumettre un article à publier ?