Dominique Lyoen, est fondateur de Novo3d, spécialiste de la production d'environnements 3D temps-réel. Il revient sur son expertise métier, les différences entre réalité augmentée, virtuelle et mixte, et fait un panorama de leurs utilités.
Dominique Lyoen : « Bonjour ! J’ai créé Novo3d car, étant petit, j’était fasciné par les ruines des châteaux médiévaux et j’était frustré de ne pas pouvoir les visiter tels qu’ils étaient dans le temps. J’ai toujours gardé dans un coin de ma tête ce principe des « voyages dans le temps »..
Bien des années plus tard et un parcours professionnel un peu tortueux qui m’a fait passer du cinéma à un cabinet de communication en architecture, j’était désormais capable de créer des restitutions en 3D temps-réel et j’ai choisi d’en faire ma nouvelle profession. Je pouvais maintenant, moi aussi, faire visiter les temps passés à d’autres personnes. Novo3d a été créée en 2012 et je redonne vie à des lieux disparus depuis lors.
Non seulement nous pouvons donc redonner la possibilité au grand public de visiter des lieux historiques en réalité virtuelle, mais notre force est de pouvoir travailler avec finalement assez peu de données et tout de même parvenir à des résultats très qualitatifs.
Nous avons aussi appliqué notre savoir-faire en VR à bien d’autres projets : des usines pas encore construites, des quartiers de ville, des blocs opératoires, l’intérieur d’un plan de blé ou d’un sous-marin, une salle d’étude des lasers, et bien d’autres encore… Il n’y a pas de limites à la surface ou à la complexité d’un projet et nous ne nous limitons pas à l’Historique quand nous travaillons en sous-traitance. Nous sommes vraiment spécialistes de la production d’environnements 3D temps-réel et donc en réalité virtuelle. »
D.L. : « La réalité augmentée, c’est l’ajout d’informations ou d’objets sur un écran (comme un smartphone) à travers lequel on voit ce qui nous entoure. La réalité virtuelle, c’est la substitution complète de ce que l’on voit dans notre champ de vision pour être remplacé par un univers généré par ordinateur et qui répond à nos décisions. Enfin, la réalité mixte, c’est l’inclusion d’images informatiques dans la réalité (comme les hologrammes, par exemple).
Même si la réalité virtuelle et la réalité augmentée sont soit mises en porte-à-faux, soit confondues, pour moi il s’agit de deux usages distincts d’une même envie de modifier et d’augmenter notre perception de notre environnement. Et je suis prêt à parier que les casques autonomes, dans quelques années, feront les deux avec facilité, seul le programme choisira l’une ou l’autre méthode de visualisation.
Dans le domaine du patrimoine et des visites touristiques, la réalité augmentée est encore très demandée, car elle est plus ancienne (elle a commencé à être mise en place tout début des années 2010) et donc mieux connue, mais la réalité virtuelle est bien partie pour s’imposer également comme méthode de visite car elle seule offre une réelle immersion et une réelle interactivité durant la visite. »
D.L. : « Le grand public, le curieux, le passionné de vieilles pierres, le petit comme le grand, le public venu d’autres pays… Notre tâche est de faire les traducteurs entre les scientifiques et le grand public; Dans nos réalisations, nous arrivons à transmettre une grande source d’informations transformées en expérience ludo-pédagogique vers les visiteurs de nos clients, donc leur âge ou leur niveau d’étude importe peu.
Nos clients sont souvent des parcs archéologiques, des musées ou des collectivités locales; Mais notre public final reste leurs visiteurs et donc toujours le grand public. »
D.L. : « Grâce à Start’ Innov, durant l’année 2018, j’ai été en mesure de donner corps à mon idée initiale quand j’ai monté Novo3d. Je ne voulais pas seulement voyager moi-même, mais faire voyager les autres à la rencontre du Patrimoine historique et faire comprendre ce rapport crucial que nous avons avec les actions de nos ancêtres, de ceux qui ont vécu avant nous, et pourquoi il fallait préserver ce Patrimoine à tout prix. La question était surtout de modeler cette vision de façon à ce que tout le monde comprenne tout de suite ce que nous voulions faire. C’est ainsi qu’est née « l’agence de voyages dans le temps ».
En pratique, ce sera la possibilité, depuis chez soi, de charger sur son casque VR autonome (comme les OCULUS Quests 2) l’un des voyages de notre catalogue, puis d’en profiter comme si vous étiez un touriste dans le Paris d’Henry IV, dans le laboratoire de Nikola Tesla ou parmi les dinosaures du Crétacé… Vous pourrez vous déplacer à volonté dans des lieux reconstitués fidèlement aux données scientifiques, accomplir des choses ou discuter avec des personnages, librement. Et pourquoi pas y prendre même des photos…
Nous sommes en production, deux expériences sont déjà en train de se matérialiser. Alors que les casques de VR autonomes sont en train de vivre une vraie progression d’adoption au fur et à mesure qu’ils deviennent moins chers et plus puissants, nous voulons vendre notre première expérience cette année et démarrer le catalogue à partir de là.
EONS est un projet encore inédit; D’autres acteurs sur le marché veulent faire des expériences VR similaires aux nôtres mais nous sommes encore les seuls à avoir cette vision globale et à long terme, avec les fonctionnalités qui y sont liées.
Novo3d s’est scindée l’an dernier en deux entités différentes : Novo3d, qui fera plutôt de la production B2B et qui gérera le « Visioguide VR« , notre solution VR sur site; Et Novo4D, la petite nouvelle que j’ai créée avec un associé, et qui aura comme coeur d’activité « EONS » et les voyages dans le temps B2C.
Tout cela rendu possible grâce au SPN, à la qualité de son accompagnement en tant que réseau, et à Start’Innov. »
D.L. : « En réalité, la visite par « bonds » d’image en image sur un site web n’est pas du tout idéal : Non seulement le visiteur est contraint par les points de bonds imposés, mais en plus le musée n’en bénéficie pas car son contenu est vu sans qu’il puisse réellement ni proposer sa médiation, ni comptabiliser la visite ou en tirer un revenu. En l’état, c’est une expérience tronquée.
Cela peut, toutefois, être un bon moyen pour donner un avant-goût afin de déclencher une visite par la suite, avec soit un contenu créé spécifiquement pour cet usage, ou alors une seule salle du musée avec quelques contenus choisi pour l’occasion.
En tant que « teaser » pour promouvoir un lieu, ou être déclencheur d’achat, oui la visite virtuelle a toute sa place, que ce soit par simple « bonds » ou une visite complète avec une déambulation libre. Cela dépend du sujet, et des contraintes budgétaires, du lieu à illustrer.
Après, la visite virtuelle a bien d’autres avantages :
Ce sont le genre d’usages sur lesquels nous sommes en veille permanente, et nous essayons toujours d’y apporter des réponses innovantes et pertinentes.»
Un grand merci à Dominique Lyoen pour avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Julie Blais, chargée de communication SPN.
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