Comme les entreprises traditionnelles, les startups ont été impactées par la crise. Comment ont-elles survécu ? Qui s’est mobilisé ? Quels indicateurs pour la reprise ?
Par Fabien Audat et Rita Ghermani
Après une année 2019 et un premier trimestre couronné de succès pour la French Tech avec des levées de fond records et un positionnement international affirmé, la crise du COVID-19 est venue marquer une pause dans le développement des start-ups dans quasiment tous les domaines d’activité. Pour ces entreprises qui doivent aller vite et haut, la crise a-t-elle eu autant d’impact que pour les entreprises dites “traditionnelles” ? Comment se sont-elles organisées pour faire face et certaines ont-elles opéré un pivot ? La reprise est-elle pour maintenant pour les start-ups qui cherchent un développement international ?
Parmi le plan massif de 4 Mds € voté pour soutenir les entreprises françaises pendant la crise du COVID-19, peu de mesures concernaient spécifiquement les start-ups. « Seulement » 80 M€ d’obligations convertibles permettant de faire un “bridge” entre deux levées de fonds ont été accordés par la BPI pour cette cible spécifique. Toutefois, nombreuses sont les pépites de la French Tech qui ont pu faire appel aux autres mesures, Prêt Garanti par l’Etat (PGE) et chômage partiel en tête, et bénéficier de versements accélérés de Crédit d’Impôt Recherche (CIR) ou d’aides à l’innovation comme la Bourse French Tech. Les membres du cercle privilégié des French Tech 120 ont aussi bénéficié d’une assistance spécifique de la part des services d’Etat et de la BPI.
Très vite, de nombreuses start-ups de la French Tech ont proposé des offres solidaires. Nous vous avions déjà parlé dans un précédent article de l’élan de solidarité opéré chez les Edtech pour assurer la continuité pédagogique, et se faisant leur notoriété. Plus largement ce sont la santé, le commerce ou encore le tourisme, secteurs fortement impactés par la crise, qui ont aussi bénéficié de l’ingéniosité et du support technologique de la French Tech. À l’image d’un Doctolib, qui a mis à disposition sa plateforme de consultation, ou BioSerinity qui a ouvert ses services de téléconsultation pour désengorger les hôpitaux. Klaxoon ou Livestorm en ont fait autant pour le télétravail. Idem dans la Cybersécurité avec BpiFrance, Medium et La French Tech.
C’est aussi une collaboration entre services publics des start-ups françaises qui a permis l’ouverture d’un portail d’information sur les aides COVID, à l’image de Qwant qui a proposé son moteur de recherche.
Le SPN a massivement mobilisé les entreprises régionales à participer à cet élan solidaire, et a informé celles en fragilité sur les mesures disponibles, dans le cadre de 2 Webinars (financement des Start’ups et aides de l’Etat pendant la crise COVID-19) organisés en partenariat avec la Technopole La Rochelle où se sont succédés BPI, Banque de France, Direccte, DGRFIP, DRRI ou encore Région Nouvelle-Aquitaine.
Après un premier trimestre performant (1,1 Mds€ levés), et une période de transition avec le French Tech Bridge (40 M€ d’obligations convertibles mobilisés à fin avril), quel est l’état d’esprit des investisseurs à l’heure du déconfinement ?
C’est la question que nous avons posée à Pierre Foucault (ADI) et Savéria DESERT (Aquiti) lors de notre Webinar #FrenchTech #AtlanticValley du 19 mai dernier.
Plusieurs enseignements à tirer de ce Webinar :
Après 3 mois particulièrement moroses, les start-ups françaises ont levé 574,4 millions d’euros en mai, soit 33% de plus qu’il y a un an (382,8 millions). Les refinancements, notamment les méga-levées de ContentSquare et de Back market, tirent le total vers le haut. Toutefois, le nombre d’opération a chuté de 38 % par rapport à 2019 (49 opérations contre 68) et l’impact du Covid-19 sur le capital-risque ne semble pas encore entièrement pris en compte dans les chiffres officiels. Les refinancements de start-ups déjà bien établies masquent en effet le faible nombre de levées d’amorçage et de séries A (premiers tours de table devant des investisseurs institutionnels). En savoir plus sur les levées de fonds du mois de mai.
En levée de fonds comme dans bien d’autres domaines, il est urgent d’attendre septembre…
Retrouvez notre Webinar sur la levée de fonds :
En ce qui concerne les salons, événements incontournables pour toute entreprise allant à la rencontre de son marché, la crise a eu raison de ses rencontres professionnelles. En effet, les annulations se sont suivies : Dublin Tech Summit en Irlande, Viva Tech à Paris, ou encore Niort Numeric dans les Deux-Sèvres, tous ont dû (et vont probablement devoir…) prendre leur mal en patience avant de pouvoir accueillir visiteurs et exposants. Afin de pallier à ce manque d’événements, beaucoup ont choisi de pivoter en proposant des contenus virtuels ou numériques afin de continuer leur activité. Nous avons donc choisi de donner la parole à des experts pour parler de ce secteur événementiel qui a beaucoup pâti de la crise. Intitulé « Le virtuel, l’avenir des salons?« , le titre a fait tilter les professionnels du secteur qui étaient présents en nombre.
Bien entendu, une conclusion positive en ressort : le virtuel/numérique a été d’une grande aide pendant cette période de crise afin de nous rapprocher malgré les distanciations physiques. Il faut profiter au maximum de ce qu’il nous offre mais le virtuel ne pourra jamais remplacer les échanges réels !
« Il faut une présence physique pour les personnes VIP et leurs clients, insiste le business manager de la startup bordelaise Bziiit et intervenant lors du webinar. Mais on peut toucher une population plus large par l’intermédiaire du digital, notamment à l’international. » (extrait de l’article du 7 à Poitiers)
Laval Virtual, représenté par Laurent Chrétien lors de ce webinar, est quant à lui le premier salon au monde dédié aux technologies de réalité virtuelle (VR) / réalité augmentée (AR). Grâce à leur existence depuis 22 ans (!), ils ont utilisé leurs connaissances et compétences habituellement mises à disposition de leurs clients et partenaires pour organiser eux-mêmes leur propre salon virtuel appelé Laval Virtual World.
Stands, auditoriums, visiteurs… tout était similaire à un salon “classique”, à un détail près : chaque personne se dotait d’un avatar pour circuler dans un salon en réalité virtuelle.
“Ca devait être la 22ème édition, que nous n’avons pas pu tenir en physique mais que nous avons virtualisé. On connaît bien le marché de la VR, ça fait déjà 3 ou 4 ans qu’on pensait à intégrer du virtuel dans notre salon réel, on ne l’a pas fait car on se disait que c’était bien mieux de pouvoir se rencontrer physiquement quand on est organisateurs de salon. Mais là on n’a pas eu le choix !” explique Laurent Chrétien, PDG de Laval Virtual.
En attendant donc le retour à la normale, les startups peuvent profiter des éditions physique, digitale ou même phygitale que proposent actuellement les organisateurs de salons.
Comme l’a précisé David Gobeille-Kofman de l’accompagnateur d’entreprises québécois Mangrove, le numérique offre une opportunité idéale pour communiquer des profils ou des prospects qualitatifs, difficilement approchables lors des événements en présentiels. Le conseil-clé que l’on peut donner aux entrepreneurs qui participent à un événement en ligne est de bien le préparer en amont : il faut faire un maximum de marketing digital avant pour identifier et qualifier ses Leads.
Retrouvez notre Webinar sur l’avenir des salons avec l’intervention de Laurent Chrétien (Laval Virtual), Laurent Tripied (Bziiit) & David Gobeille-Kaufman (Mangrove)
A l’heure du déconfinement, Bruno Lemaire et Cedric O. ont annoncé vendredi 5 juin un plan de relance de 1,2 milliards d’Euros concernant notamment :
Difficile de se projeter sur l’après-crise et les conditions de reprise économique. Certaines licornes, à l’image de Groupon, Qwant, sont en difficulté et ont annoncé des plans de licenciement. Mais les premières enquêtes sont globalement rassurantes : une étude menée par le Galion Project et la French Tech montre que 80 % des start-up n’ont pas pour le moment prévu de licencier. Plus de la moitié a en revanche gelé les embauches. En savoir plus sur la situation des startups après la crise.
Et l’ “Atlantic Valley” dans tout cela ? Le confinement a démontré à de nombreux entrepreneurs et cadres de Paris et des grandes métropoles que le manque d’espace et d’air pouvait fortement brider la créativité. Bien placées dans les différents classements des villes où il fait bon télétravailler et entreprendre, les agglomérations de notre Communauté French Tech sont plus que jamais prêtes à accueillir de nouveaux talents (Cf : « Le Point » 2494 / 11 juin 2020 où La Rochelle (1ère) et Angoulême (3ème) du classement des villes de taille moyenne où il fait bon coworker)… Ca pourrait faire l’objet d’un prochain Webinar, non ?
📢 Par ailleurs le SPN vient de lancer une opération de recensement de toutes les startups de l’écosystème French Tech Atlantic Valley. Startups du territoire, c’est le moment de vous faire identifier !
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