Créateur de dispositifs numériques interactifs, Blue Yeti œuvre dans le champ de la création digitale depuis 2007. Rencontre avec ses 2 co-gérants : Jean-Michel Couturier et Magnolya Roy.
Signe particulier ? Nous avons des poils bleus et vivons dans une grotte au bord de l’océan.
📆 Date de création : 1er janvier 2007
Composition de l’équipe : 2 co-gérants : Jean-Michel Couturier et Magnolya Roy
Champs d’expertise : Multimédia culturel, création digitale, lutherie numérique
Blue Yeti est membre du SPN depuis 2007
Jean-Michel Couturier : « Après mes études d’ingénieur, ma passion pour la musique expérimentale m’a entrainé vers une thèse en informatique musicale au Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique de Marseille, pendant laquelle j’ai exploré l’expressivité musicale d’instruments numériques pilotés par des interfaces graphiques. J’ai eu la chance de suivre en parallèle une formation en composition électroacoustique, ce qui m’a permis de froisser sans trop de représailles quelques oreilles en jouant d’instruments insolites issus des travaux de mon équipe de recherche. En 2005, je me suis associé avec Magnolya pour créer Blue Yeti, fruit de nos compétences et sensibilités respectives. »
Magnolya Roy : « Nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école d’ingénieur. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant qu’indépendante. Pour ma part, ma sensibilité est plutôt tournée vers les arts visuels sous toutes leurs formes. Aux débuts de Blue Yeti, nous avons développé plusieurs installations et dispositifs numériques diffusés auprès du public lors de performances-concerts et d’expositions. Puis, nous avons commencé à réaliser des installations multimédias interactives muséographiques, ce qui aujourd’hui reste notre domaine principal d’activité. Pour pouvoir répondre à des projets plus importants, Blue Yeti s’est alors développé et notre équipe s’est agrandie jusqu’à 6 personnes. À partir de là, il nous a semblé avoir atteint un seuil critique à partir duquel il aurait été nécessaire de nous développer encore et de nous structurer dans tous les domaines, administratif, commercial, marketing et managérial. Finalement, nous avons fait le choix de revenir à deux, à une structure plus légère, plus souple, plus collaborative. »
M.R. : « Créer ! Et aussi, la curiosité de découvrir des sujets très différents les uns des autres – je pense aux thématiques des expositions sur lesquelles nous travaillons – et de devenir « hyper calée » dans chacun de ces domaines. »
J-M.C. : « Elle est par exemple « hyper calée » sur la façon d’acheminer l’eau jusqu’aux fontaines dans les jardins du XVIIe siècle. Pour moi ce sont surtout les défis techniques à relever pour aboutir à des réalisations réussies, avec l’idée que la technique n’est pas une fin en soi mais est toujours au service de l’expérience que va vivre le public. Et puis, aussi, créer. »
J-M.C. : « Rester des heures assis devant un écran d’ordinateur. »
M.R. : « Faire la comptabilité. »
J-M.C. : « Blue Yeti se définit par sa créativité́, son expertise en technologies numériques innovantes, sa capacité́ à imaginer et à réaliser des expériences utilisateurs sensibles, singulières et pertinentes. Nos spécialités sont la conception/réalisation de dispositifs multimédia interactifs, plus particulièrement ceux exploitant des interfaces utilisateur à base de captation de gestes et de mouvements par caméra et capteurs, ainsi que la création et le développement d’effets visuels et sonores temps-réel. »
M.R. : « Nous achevons le développement d’une fresque animée pour l’exposition « Bio-Inspirée » qui ouvrira en septembre 2020 à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Dans ce dispositif, les visiteurs colorient puis scannent un dessin représentant un animal. Le dessin du visiteur apparaît alors à l’écran sous la forme d’un origami qui s’anime, puis se déplie, avant d’aller rejoindre la masse grouillante de dessins qui composent le mot VIVANT. C’est un projet très créatif et le biomimétisme est un sujet qui nous intéresse particulièrement. »
J-M.C. : « En ce moment, nous concevons avec l’agence Epatant, la scénographie multimédia du Pavillon du Maroc pour la prochaine exposition universelle, qui se tiendra à Dubaï en 2021. »
M.R. : « En regardant en arrière, même s’il y a eu aussi des moments difficiles, l’évolution de Blue Yeti est parsemée de petites graines disséminées ici et là qui finissent par donner un jour un projet inattendu, comme le projet un peu fou du carrousel musical de l’Abbaye aux Dames à Saintes. Aujourd’hui, nous avons la chance de faire équipe avec des scénographes, des architectes, des graphistes, des réalisateurs, des techniciens et des artistes talentueux, pour des projets d’envergure, de plus en plus souvent à l’international. En soi, c’est pour nous une belle réussite. »
J-M.C. : « Et il y a Grapholine, instrument de dessin musical, notre projet le plus personnel. Cet instrument, imaginé au départ pour créer de la musique électro-acoustique à partir du geste de dessin, a été au cœur d’un projet de malle pédagogique à destination de différents publics. Ce projet, qui nous a permis d’obtenir le prix national Envie d’Agir catégorie multimédia en 2007, a touché un grand nombre d’enfants et de jeunes (en centre de loisirs ou en milieu scolaire) mais également des personnes en situation de handicap. Nous avons également utilisé Grapholine lors de performances artistiques ou de concerts, et l’outil nous a servi à créer de la matière première visuelle et sonore pour de nombreuses installations interactives. »
M.R. : « Actuellement, toutes nos productions sont des réalisations sur-mesure, qui dépendent pour la plupart d’appels d’offres publics, ce qui nous conduit à manœuvrer l’entreprise avec une visibilité limitée, comme un capitaine de bateau toujours en pleine tempête. Nous réfléchissons à de nouveaux axes de développement, qui nous apporteraient davantage d’autonomie, tant au niveau économique que créatif. Notre défi est de les concrétiser. »
J-M.C. : « Au-delà de notre activité, un challenge important est de rendre le numérique plus durable. Les outils numériques sont pour nous de formidables outils d’expression, et même si notre travail ne consiste qu’à « manipuler de l’information », les supports physiques de cette information ont une bonne marge de progression pour être plus verts. Je rêve d’un ordinateur composé de matériaux naturels, qui consomme peu de ressources et qui peut être composté après une longue vie !
Un grand merci à Jean-Michel Couturier et Magnolya Roy pour avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Anne-Céline Henault.
Vous souhaitez partager votre expertise ?
Envoyez-nous
votre publication !
Vous souhaitez nous soumettre un article à publier ?