Les États Généraux du numérique pour l’Éducation se sont tenus les 4 et 5 Novembre 2020. Ils ont fait suite à une consultation nationale lancée en juin par le ministre Jean-Michel Blanquer. Retour avec Fabien Audat sur les 8 points à retenir de la concertation .
Par Fabien Audat, développeur de nouveaux marchés du SPN
Les Etats Généraux du Numérique pour l’Education se sont déroulés en trois phases :
Ces Etats Généraux ont pour objectif de tirer des enseignements de la mise en place de l’éducation à distance pendant le confinement dû à la crise du COVID-19, et surtout dans tirer des conclusions et axes d’amélioration pour la suite (en état d’urgence, ou pas).
Après analyse des 670 propositions déposées sur la plateforme, ayant généré +3 000 soutiens et +2 000 commentaires, des 26 839 réponses à des enquêtes en ligne, des synthèses des contributions issues des réunions territoriales et des associations professionnelles, le Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports a produit une “synthèse des synthèses” (oui, oui!) qui est disponible en téléchargement ici.
Le sujet a été abordé de façon constante pendant les Etats Généraux, sous diverses appellation : on a parlé de “chèque numérique”, de “Netflix de l’éducation”. Le Ministre Jean-Michel Blanquer parlait lui de “Pass numérique” lors du bilan des EGN, mais c’est finalement la dénomination de “compte ressources et services numériques” qui a été retenue dans la synthèse finale. Une grande victoire pour les enseignants qui réclamaient un achat décentralisé depuis des années.
C’est aussi une annonce importante pour la filière des EDTECH, qui plébiscite depuis longtemps cette approche permettant de coller au mieux aux besoins du terrain. Pour aller jusqu’au bout de l’ambition, les associations s’étaient entendues sur une autre proposition majeure : le principe d’un financement équilibré. À chaque Euro investi dans les équipements, un Euro doit être investi dans les ressources et outils, et un Euro doit être investi dans la formation des enseignants. Les professionnels qui l’ont largement évoqué les 4 & 5 novembre resteront attentifs sur ce point qui n’est pas acté.
C’est l’un des enseignements majeurs pour les entreprises de la filière ! Les différentes strates de l’éducation interrogées pendant cette concertation ont toutes fait remonter cette envie forte de disposer d’outils numériques français pour s’assurer une meilleure protection des usagers. Cela s’accompagne du besoin exprimé de définir un “code de bonne conduite” que les entrepreneurs de la filière doivent suivre pour être “éducation compatible”.
La question de la promotion des outils libres et de la prise en compte de la conception de solutions éco-responsable est aussi largement revenue. C’est une demande légitime et le réseau SPN a son mot à dire pour prendre part à cette tendance de fond qui touche beaucoup de secteurs, au travers de son programme de Responsabilité & Sobriété Numérique ♻️ .
Pour continuer sur les actions évoquées en matière de développement plus responsable, la concertation a aussi aboutie à la proposition d’une formation-action aux bons usages à la sobriété numérique. Cela passe notamment par :
🖥 J’ajouterais une autre proposition qui a du sens : celle de permettre aux établissements d’acheter du matériel informatique reconditionné, ce qui n’est pas permis par l’administration aujourd’hui !
A été évoqué aussi la problématique de l’interopérabilité, qui est un vrai casse-tête des deux côtés de la chaîne, pour les entreprises qui développent comme pour les enseignants qui utilisent.
En effet aujourd’hui, si le Gestionnaire d’Accès aux Ressources est une bonne garantie du respect d’un certain nombre de précepts techniques pour entrer dans le système informatique scolaire, c’est une difficulté supplémentaire pour les entreprises qui doivent passer des heures supplémentaires à coder pour se conformer. Et cela ne garantit en rien que la ressource sera compatible avec un ENT (Environnement Numérique de Travail), et qu’elle pourra facilement être conservée d’une année à l’autre, et permutée d’un ENT à un autre en cas de changement de système…
🔍 Les acteurs se sont entendus sur le fait de travailler dans les mois qui viennent pour améliorer l’expérience utilisateur, simplifier l’accès aux services et les démarches administratives mais le « comment » n’a pas été formulé.
La concertation nationale a également évoqué la proposition de créer un Education Data hub pour faire avancer la recherche en éducation, éclairer les décisions, construire des services plus performants.
Un projet ambitieux, tout comme le fait d’intégrer le programme européen GAIAX, le cloud souverain pour l’hébergement des données scolaires. Dans les deux cas, une meilleur exploitation des données, tout en gardant la main dessus, au moins dans une approche européenne.
Voici encore une autre proposition qui fait plaisir à voir du point de vue du réseau SPN, qui s’implique depuis plusieurs années dans le développement international avec des missions collectives au Bett Show et par sa participation au Collectif France Edunum International !
L’éducation à la française est encore très respectée à l’international, pourquoi donc ne pas surfer sur cette bonne image ? Et quand les entreprises françaises ont franchi les différentes obstacles du marché français, elles sont parées à s’adapter à n’importe quel marché ! Le fait de “chasser en meute” et aussi de développer une marque puissante et mondiale (à l’image de la French Tech) sont deux leviers identifiés pour réussir à passer le cap.
Le dernier point important à souligner, c’est que la concertation ne doit pas s’arrêter à ces Etats Généraux. Une nouvelle gouvernance va être mise en place pour prolonger les échanges, par exemple au travers d’un Comité stratégique, incluant les associations d’entreprises (coucou on est là), et aussi un Comité des usagers (pour rester dans cette démarche “user centric”).
En espérant que cette proposition de jouer les prolongations et de consulter les entreprises ne soit pas qu’un écran de fumée. Un prolongement doit également être confirmé dans le cadre du Grenelle de l’Education qui va lui succéder. Le Réseau SPN restera en tous les cas mobilisé pour suivre les débats, mais aussi diffuser les initiatives et actions concrètes qui découleront des EGN.
Si le feu d’artifice final des Etats Généraux du Numérique pour l’Education n’ont pas pu se tenir physiquement à Poitiers, comme prévu initialement, l’écosystème a quand même été bien valorisé. Le ministre Jean-Michel Blanquer concluait sur le fait de vouloir faire de Poitiers, un incubateur international pour les EDTECH. Nous n’en sommes pas encore là, mais au travers des programmes que portent le SPN, nous contribuons à notre échelle à cette démarche de faire émerger des produits et ressources numériques qui tiennent mieux compte des besoins du terrain, et sont développé avec un cadre de confiance renforcé.
C’est tout l’objet du EDLAB, le Lab des innovations numériques pour l’éducation et la formation, qui permet d’expérimenter des nouveaux produits et services, de valider leur pertinence et de faciliter leur déploiement !
👉🏻 L’AAP pour les porteurs de projets de solution innovante :
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